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Qu’est-ce que c’est ?
Les années 2010 ont assisté à l’émergence des « nouveaux produits de synthèse », « research chemicals » ou « legal highs » - des produits psychoactifs stimulants dont les caractéristiques chimiques sont sans cesse renouvelées. On en trouve ainsi une grande diversité réunie sous l’appellation « cathinones », s’agissant de dérivés du Khat, une plante que l’on retrouve dans la corne Ouest de l’Afrique et qui est connue pour ses effets stimulants, euphorisants, de renforcement de l’estime de soi et de l’empathie : 3MMC, Méphédrone (Meph), 4MEC, MDPV, NRG2, etc.
Comment ça se prend ?
On trouve les cathinones sous forme de poudre ou de cristaux dont la couleur peut varier entre blanc, jaune, légèrement rose ou brunâtre. La consommation se fait par sniff, slam (injection), parachute (enveloppée dans du papier) ou encore par voie rectale (plug).
L’usage des cathinones est répandu en Belgique, aux Pays-Bas et en France dans un contexte sexuel. Les analyses régulièrement réalisées sur des échantillons recueillis par des usagers (dispositif TREND en France) montrent une grande variabilité de la concentration du produit, souvent coupé avec d’autres molécules, ce qui invite à la prudence et aux pratiques de réduction des risques indiquées ci-après.
Slammer est la façon la plus à risque de consommer des cathinones. Plus d’infos pour réduire les risques si tu pratiques le slam : Modes de consommation
Effets recherchés
Les effets des produits se manifestent quelques minutes après leur consommation et peuvent durer selon les personnes, les dosages et la concentration du produit jusqu’à 1h00 ou 2h00. Comme ces produits diminuent la sensation de fatigue, il n’est pas rare qu’ils soient consommés durant des sessions pouvant aller de quelques heures à plusieurs jours.
Les effets attendus sont : désinhibition, désir sexuel accru, résistance au sommeil, empathie ou encore euphorie.
Effets non recherchés
Les cathinones peuvent provoquer une augmentation du rythme cardiaque et une impression de chaleur. La sensation de faim est atténuée et l'assèchement des muqueuses rapides, provoquant une grande soif. Comme avec d’autres produits tels que l’ecstasy/MDMA, les cathinones peuvent provoquer une difficulté à uriner jusqu’à plusieurs heures après la consommation.
Les utilisateurs témoignent aussi fréquemment d’hallucinations, paranoïa ou encore d’angoisses exacerbées par les cathinones (impression d’être observés, sentiment de danger pour soi ou les autres) ou encore des gestes et attitudes compulsives (mouvements de la mâchoire, besoin de ranger/faire le ménage, besoin de « scroller » sur les applications de rencontre, besoin de se gratter le nez).
Ces effets s’atténuent dans les heures après la prise du produit et peuvent être suivis d’un phénomène de « descente » (tristesse, incertitudes, angoisses). Un état de trouble psychique, de solitude, de manque d’estime de soi peut ainsi accroître le risque d’addiction aux cathinones qui stimulent l’empathie et le contact avec les autres.
Le caractère corrosif des cathinones pour les muqueuses peut engendrer irritations, saignements ou aphtes dans la bouche. Des crèmes et pansements liquides apaisants et réparateurs existent et sont disponibles en pharmacie sans ordonnance (ex. Filmogel).
Consommateur régulier ?
Les utilisateurs témoignent d’un « craving », c’est-à-dire d’une envie irrésistible d’en reprendre, particulièrement fort avec les cathinones. Des dépendances aux produits, développées en quelques semaines à peine, sont ainsi fréquemment rapportés par les utilisateurs.
Comme toute dépendance trouvant son origine dans le produit tout autant que dans l’histoire et le vécu de la personne, le désir d’arrêt ne se résume pas souvent en un simple éloignement du produit. N’hésite pas à solliciter l’aide d’un.e travailleur.se communautaire, d’un.e médecin addictologue ou d’un.e psychologue pour t’accompagner dans ta démarche d’arrêt.
Consommer en période de fatigue ou de baisse de moral peut renforcer le risque de développer une dépendance psychologique à la fois au produit et aux sessions sexuelles durant lesquelles il est consommé.
Espacer les prises (en jours, semaines, mois). Si tu es dans une situation de consommation et que tu souhaites réduire ou arrêter, tu peux essayer d’espacer et de réduire les quantités par paliers : de petites étapes faciles à atteindre. Ou encore en définissant à l’avance les moments où tu consommes et ceux où tu ne consommes pas pour ne pas vivre l’angoisse de l’arrêt, parfois contre-productive sur le niveau de consommation.
Mélanges - polyconsommation
3MMC, 4MEC + Opiacés, Benzodiazépines et traitements anxiolytiques
Le plus grand danger avec les opiacés, les benzodiazépines et les traitements anxiolytiques, tel que le médicament Izalgi ou encore le Xanax ou Lexomil, c’est l’addiction sévère et l’incapacité à pouvoir s’en passer. On appelle ça vulgairement : le manque. Et le risque est de se retrouver accro à un traitement dont on va mettre des années à se débarrasser en ayant recours à l’addictologie et aux traitements de substitution.
Par ailleurs, mélanger des opiacés, des benzodiazépines ainsi que des traitement anxiolytiques avec des stimulants sur un délai relativement court s’appelle un speed Ball et les risques de surdoses et overdoses sont très importants.
3MMC, 4MEC + Anti-VIH
Les interactions de la 3MMC et 4 MEC avec d’autres substances tels que les médicaments anti-VIH n’ont pas encore été suffisamment étudiées. Il vaut donc mieux être prudent dans sa consommation.
Parle avec ton ou ta spécialiste du VIH !
Il est très important d’avoir des échanges honnêtes avec ton ou ta médecin ou pharmacien.ne pour obtenir les meilleurs conseils sur la réduction des risques d’interactions dangereuses, que ce soit une pause dans la prise de chems, ou un nouveau traitement antirétroviral avec moins d’interactions.
Pour vérifier, la compatibilité entre les traitements anti-VIH et différentes substances ou médicaments :
https://www.hiv-druginteractions.org/
https://www.actions-traitements.org/reglette/
3MMC, 4MEC + Stimulants (crystal meth/tina, MDMA/ecstasy, speed, cocaïne, méphédrone)
Pris en même temps que la MDMA, la 3MMC et la 4MEC peuvent mettre le cœur dangereusement sous pression et entraîner un risque de crise cardiaque.
3MMC, 4MEC + MDMA/ecstasy, Tramadol et Fentanyl
La prise de MDMA, du Tramadol ou encore du Fentanyl en même temps que la 3MMC ou la 4MEC peut être fatale car elle augmente le risque de « syndrome sérotoninergique ».
Le syndrome sérotoninergique est une réaction dangereuse liée à un excès de stimulation des neurones activés par la sérotonine dans le cerveau. Certains signes peuvent alerter : une augmentation du rythme cardiaque, des sueurs, des spasmes musculaires et des insomnies. Le syndrome sérotoninergique peut entraîner des atteintes graves et dans le pire des cas le coma, voire la mort. En présence de signes d'alerte, n'hésite pas à appeler le 112 pour un avis médical.
Réduire les risques
- Les concentrations du principe actif varient fortement d’un produit à l’autre et d’une poudre ou d’un cristal à l’autre : « tester » une toute petite quantité du produit et attendre les effets pour évaluer le dosage (ex : 1/20e de gramme)
- Espacer les prises : attendre que les effets s’estompent pour reprendre du produit. La perception du temps pouvant être altérée, pour limiter la quantité, noter sur un papier ou dans son téléphone les heures de prise (pour éviter d’en prendre plus d’une fois par heure par exemple)
- Boire beaucoup et veiller à s’alimenter régulièrement malgré l’absence de sensation de faim. Des aliments sous forme liquide (soupes, repas déshydratés) ou encore des fruits peuvent être plus facilement consommés en cas de difficulté à mastiquer.
- Avoir son propre matériel de conso, à usage unique, pailles, seringues, petit matériel d’injection, pour réduire les risques de transmission du VIH et du virus de l’hépatite C. L’apprentissage des gestes d’injection est souvent un moment où le matériel est plus à risque d’être partagé.
- Le produit peut faire baisser la vigilance ou encourager des pratiques à risque de transmission du VIH, des IST et du virus de l’hépatite C. L’utilisation de préservatif sur le pénis et les jouets sexuels ou de gants à usage unique pour le fist-fucking sont recommandés. La PrEP permet également d’éviter de contracter le VIH et un dépistage tous les six mois et si possible tous les trois mois pour le VIH et/ou les IST est fortement recommandé.
Que dit la loi ?
La détention de cathinones est illégale. En Belgique, les cathinones sont visées par la loi sur les stupéfiants de 1921, modifiée à plusieurs reprises. Leur détention, même en cas d'usage privé, est donc passible de poursuites pénales. La conduite d’un véhicule sous l’effet de produits psychotropes est interdite et fait l’objet de poursuites judiciaires spécifiques.
Plus d'info : Législation et police