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La manière de consommer un produit influe sur la rapidité avec laquelle ses effets et leur intensité seront ressentis.
Selon les produits, les pratiques et la fréquence de consommation, cela peut occasionner une série de risques. Les produits ne sont pas tous identiques et les pratiques (gober, sniffer, fumer, injecter…) représentent des risques différents.
Le mode d’administration influence aussi le potentiel addictif du produit. Fumer et slammer créent la plus grande concentration de substance dans le sang en un minimum de temps. La montée est plus rapide et plus intense avec un risque plus fort de dépendance.
Conseils
- Connaitre son fournisseur : acheter toujours les chems (drogues ou prods) à quelqu'un en qui on a confiance et qui sait ce qu'il vend. Ce n’est néanmoins pas une garantie complète, les fournisseurs étant souvent des intermédiaires n’ayant aucune maîtrise de la qualité des produits et de la manière dont ils ont été coupés.
- Quand on consomme, c’est toujours mieux d’être avec un ami en qui on a confiance.
- Commencer toujours par des toutes petites doses pour évaluer la puissance du produit, la concentration du principe actif pouvant fortement varier.
- Des produits suspects peuvent circuler : tester d’abord une petite quantité d’un nouveau produit afin d’évaluer les effets et le dosage. On peut aussi faire tester les produits. S'inscrire sur la liste EUROTOX (en bas de la page d'accueil de ce site) permet de recevoir des alertes quand des produits dangereux sont en circulation.
Plus d'info sur : Testing de produits
Connaître les risques spécifiques liés aux différents modes de consommation peut aider à les réduire autant que possible.
Ingestion
Les drogues peuvent être consommées sous forme de pilules, de capsules, de liquides ou enveloppées dans du papier à rouler avant d'être avalées (on parle alors de « parachute »). Le cannabis peut être cuisiné et consommé en gâteau (« space cake »).
Certaines substances en poudre comme la MDMA ou la cocaïne peuvent être frottées sur les gencives. Le produit sera absorbé par les muqueuses et ira dans le sang rapidement.
Les chems prennent effet lorsqu'ils atteignent l'estomac, qu'ils commencent à être digérés et pénètrent ensuite dans le sang. C'est la façon la plus lente d'obtenir des effets - ça peut prendre jusqu'à une heure - mais certains produits ont une montée beaucoup plus rapide surtout le G (GHB/GBL).
Lorsqu’on ingère de la drogue dans des boissons ou des aliments, on contrôle souvent moins bien le dosage mais cette méthode permet d’éviter une grande partie des lésions causées par d'autres moyens de consommation au nez, aux poumons ou aux veines.
Cependant, en fonction des produits, l’ingestion peut causer des blessures à la bouche, à la gorge ou au niveau du tube digestif avec risque de perforation. Par exemple, boire du G (GHB/GBL) non dilué dans une boisson peut provoquer des brûlures chimiques.
Réduction des risques
- Ne jamais boire (ou injecter) de poppers, dilué ou non
- Pour protéger le système digestif de différentes formes d’irritation lors de l'ingestion : 1/ Dissoudre le produit dans une petite quantité d'eau tiède, ou 2/ Envelopper le produit dans du papier à rouler avant de l’avaler (« parachute »)
Ingérer du G (GHB/GBL)
Comme le G est un solvant très puissant, il est généralement avalé après avoir été mélangé et dilué dans un soft (boisson non-alcoolisé). Il peut provoquer de graves brûlures à la bouche, la langue et/ou la gorge et à l’estomac s'il est avalé « pur ». Même dilué, une consommation répétée de G peut provoquer des ulcères.
Le dosage est primordial car le G en fiole est généralement très concentré, la dose à diluer dans le verre est particulièrement difficile à mesurer. C’est pourquoi le risque de dose trop forte voire de surdose est très élevé. Une légère variation du dosage ou du moment où le produit est consommé peut entraîner une intoxication (G-hole) avec perte de connaissance ou convulsions, et des doses plus élevées peuvent entraîner le coma et la mort.
Le G est le produit qui est à l’origine du plus de décès liés à la consommation de drogues en Europe chez les gays aujourd’hui.
- Le mélange G + alcool est potentiellement très dangereux
- Ne jamais injecter de GHB/GBL, dilué ou non
- Ne jamais boire de GHB/GBL non dilué
Plus d'info sur le G (GHB/GBL)
Sniff
Le sniff est un mode de consommation qui consiste à aspirer de la poudre par le nez à l'aide d'une paille ou d’un papier roulé.
Le produit pénètre dans le sang par les muqueuses nasales et est ensuite acheminé vers le cerveau. Les effets se manifestent habituellement au bout d'une minute ou deux, mais cela peut prendre jusqu'à 10 minutes. La méphédrone peut provoquer une montée presque instantanée, surtout si c’est une première prise.
Avec le poppers, les vapeurs sont aspirées par le nez.
Le sniff peut entraîner des irritations de la peau autour du nez et des muqueuses nasales, et causer des saignements. Par ailleurs, le partage du matériel de sniff peut favoriser la transmission d’infections comme l'hépatite C.
Utilisée intensément, la cocaïne peut ronger le septum, le cartilage entre les narines.
Réduction des risques
- Utiliser un « Roule Ta Paille » proposé par une association : bloc de papier type « Post It » dont on extrait des feuilles à rouler soi-même pour faire une paille. Les post-it ou les pailles colorées sont une alternative. Attention d’utiliser toujours une paille neuve pour chaque personne
- Eviter de partager le matériel de sniff (pailles, billets de banque ou sprays nasales). Des quantités microscopiques de sang peuvent en effet passer d'un nez irrité à un autre lorsque le matériel est partagé, transmettant l'hépatite C
- Rincer les narines pour éliminer les résidus après chaque sniff permet de nettoyer, d’hydrater et de limiter les irritations de l'intérieur du nez. Utiliser de l'eau stérile ou du sérum physiologique (en spray ou en pipette, vendu en pharmacie ou en supermarché)
- Alterner les narines
- Eviter le contact direct peau/poppers (y compris le fait de poser directement le nez sur la bouteille de poppers)
Fumer
Des produits comme le crack et la tina (crystal meth) sont fumés dans une pipe en verre chauffée. D’autres comme la kétamine sont chauffées sur un morceau de papier alu et inhalés. Le cannabis est mélangé au tabac dans une cigarette ou un joint.
Lorsqu’on fume, la substance se retrouve dans les vapeurs qui vont dans les poumons. Elle passe ensuite dans les vaisseaux sanguins des poumons et, une fois dans la circulation sanguine, elle est acheminée au cerveau. La montée arrive en quelques secondes et peut arriver encore plus rapidement que par injection.
Fumer peut blesser la bouche à cause des brûlures causées par les pipes chaudes. Fumer nuit aussi aux poumons. Fumer avec du tabac expose aux risques liés au tabagisme comme le cancer, les maladies cardio-vasculaires et les maladies respiratoires.
Si une personne a un bouton de fièvre sur la lèvre, partager des joints, des pipes, des bongs ou des cigarettes, joints peut transmettre le virus de l'herpès. Il en va de même pour la syphilis en cas de chancre syphilitique sur les lèvres ou dans la bouche.
Le principal risque de transmission de l'hépatite C ou d’autres infections survient lorsqu’on partage des pipes, utilisées pour fumer de la tina (crystal meth) ou du crack. Du sang provenant des lèvres et de la bouches gercées ou blessées peut se retrouver sur la pipe et être transmis à quelqu'un d'autre s'il a aussi les lèvres gercées ou blessées.
En fumant avec une feuille d'alu, les bords peuvent couper la peau et laisser des traces de virus qui peuvent ensuite être transmises. Le papier d'alu chauffé peut aussi causer des brûlures.
Réduction des risques
- Utiliser de préférence une pipe incassable en Pyrex – les autres types de pipes peuvent brûler la peau et laisser passer des toxines
- Se protéger les lèvres des brûlures en attachant un élastique autour de l’embout de la pipe
- Eviter le partage de matériel, pipes ou papier d'alu
- Fumer avec des bongs remplis d'eau froide est plus sûr car cela refroidit la fumée et élimine certaines impuretés
- Utiliser un vaporisateur – cet appareil permet de consommer divers produits sans combustion. La vapeur contient moins d'impuretés que la fumée et est moins nocive pour les poumons
- Aspirer lentement pour protéger les poumons de la fumée chaude
Plug anal
Le plug anal est un mode d’administration des produits par absorption rectale. La substance est absorbée par les muqueuses ou par la paroi anale, elle pénètre rapidement dans la circulation sanguine et est acheminée au cerveau. Ce mode de conso est parfois appelé « booty bump ».
Sous forme de poudre, un produit peut être tamponné (faire un « dab ») ou frotté sur la paroi rectale avec le doigt. Des pilules ou des drogues en poudre enveloppées dans du papier à rouler peuvent aussi être insérées dans le rectum en « plug ». Attention, faire un « dab » ou un « plug » augmente le risque de brûlures de la paroi anale car la drogue n'a pas été dissoute dans l'eau - et une muqueuse endommagée rend plus vulnérable aux infections.
Sous forme liquide (ou une poudre ou des pilules écrasées ajoutées à de l'eau), le produit est placée dans une seringue sans aiguille, puis insérée dans l’anus pour être injectée à l'intérieur du rectum.
Les chems pris par voie anale sont absorbées plus rapidement que par ingestion et ont tendance à avoir un effet plus intense.
Frotter une drogue sur ou dans l’anus peut engourdir la zone ou l'irriter, provoquant des saignements ou une inflammation, facilitant ainsi la transmission d’infections.
La méphédrone, la cocaïne et la tina (crystal meth) sont des drogues qui sont parfois consommées de cette façon. La méphédrone peut brûler la paroi anale, causant de la douleur, des saignements et favorisant l’apparition d’hémorroïdes.
Réduction des risques
- Certaines drogues comme le GBL sont corrosives (le GBL peut dissoudre certains plastiques) et il ne faut pas tenter de « booty bump » car la paroi rectale est trop délicate et cela pourrait causer de sérieuses blessures
- Dissoudre la drogue dans de l'eau et l’injecter avec une seringue neuve et sans aiguille pour réduire les risques de brûlure ou de blessure de la paroi rectale
- Ne jamais partager de seringues (même sans aiguille). Le partage de seringue comporte un risque de transmission d’IST comme la gonorrhée, la chlamydia ou l'hépatite C, surtout si la paroi rectale a été endommagée à cause de sexe ou de drogues. De même si tu passes d’un cul à l’autre avec ton doigt, veille à bien te laver les mains entre
- Une seringue propre pour chaque utilisation anale est nécessaire mais si on se trouve dans une situation où on sait qu’on va partager, la seringue devra être soigneusement lavée à l'eau bouillante chaque fois qu'elle est utilisée pour une nouvelle personne. Mais cela ne garantit pas une sécurité totale
- Comme avec toute interaction anale, les infections comme la shigellose (maladie infectieuse d'origine bactérienne) ou l'hépatite A peuvent se transmettre au travers de minuscules morceaux de matière fécale. Attention de bien laver tes mains et les jouets afin de réduire les risques
Slam
Slammer est un autre mot utilisé pour l’injection par voie intraveineuse.
Slammer est la façon la plus à risque de consommer des chems. Ces risques comprennent :
- Overdose
- Contracter des infections graves comme le VIH et l'hépatite C
- Septicémie : une infection grave, qui se propage dans l'organisme par voie sanguine à partir d'un foyer infectieux initial. Le plus souvent d'origine bactérienne, elle peut aussi être provoquée par des virus, des champignons ou des parasites. Quel que soit le germe en cause, elle constitue une urgence médicale
- Destruction des veines
- Abcès
- Caillots sanguins / thrombose veineuse profonde
- Dépendance psychologique au rituel de l’injection
Comment s'injecter à moindre risque ?
Le partage de matériel (aiguilles, des seringues, des cuillères, de l'eau, des filtres et de la ouate) comporte un risque élevé de transmission des infections véhiculées par le sang comme le VIH et les hépatites virales B et C (parfois les traces de sang ne sont pas visibles).
Une substance peut être slammée si elle se présente déjà sous forme liquide, comme la kétamine, ou si c'est une poudre soluble.
Selon la substance, elle est injectée à l’aide d’une aiguille dans différentes parties du corps. Les stéroïdes sont injectés dans la fesse (par voie intramusculaire) ; d’autres substances sont injectées dans une veine (par voie intraveineuse). Il ne faut jamais injecter dans une artère. Certains points d’injection sont très dangereux.
Comme le produit pénètre directement dans le sang et atteint rapidement le cerveau, le rush se produit en quelques secondes et il est plus intense comparé à d’autres modes de consommation. Cela signifie qu'il y a aussi un plus grand risque d’overdose et de dépendance.
Réduction des risques
Guide « Shooter propre » publié par Modus Vivendi.