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Face à un client qui consomme des chems
Un client sous emprise de chems peut être par moment plus difficile à gérer : tentative de dépasser les limites, agressivité, paranoïa, surdose ou overdose… De manière générale, chemsex ou pas, il est bon de toujours garder un œil sur ses clients. Personne n’est jamais à l’abri d’un vol et/ou d’une agression, même si cela n’est pas non plus quotidien.
Gérer un client sous emprise de produits dépend de l’effet que lui fait le produit, sachant que chacun réagit différemment. Dans toutes les situations, la meilleure solution reste encore de ne pas s’énerver ou paniquer à son tour, mais plutôt de rester calme et pragmatique. Les conseils de réductions des risques concernant les produits et la gestion des bad trips s’appliquent de la même manière dans le travail du sexe.
- Suivre une formation sur les produits et la gestion des risques (bad trips et overdose) avec une association comme Modus Vivendi par exemple.
- Si l'on consomme avec ses clients, essayer de consommer moins si cela est possible, afin de rester plus lucide et maître de la situation.
- S'arranger pour avoir toujours son propre matériel de consommation : paille, seringue et autres… Plusieurs services peuvent fournir et échanger du matériel de réduction des risques.
Consulte la section Aide
- Nos limites sont nos limites, ce n’est pas parce qu’un client est perché qu’il a le droit de les dépasser. S’il devient un peu insistant avec quelque chose que tu n’as pas envie de faire, essaye plutôt de le diriger sur une autre pratique qui te convient mieux, en disant que cela te ferait plaisir par exemple.
- Demander au client d’arriver sobre (et d’ailleurs cela sera mieux pour lui aussi s’il conduit). Cela te permettra de pouvoir suivre et évaluer ses prises.
Argent
Il est important de préserver sa sécurité quand on est avec les clients, mais aussi de s’assurer que l’on se fera payer. Certains produits ont tendance à créer de la paranoïa : peur du client de s’être fait voler, ne se souvient plus de ce qu’il a fait de son portefeuille, pense que tu vas l’arnaquer etc.
Le plus simple : fais-toi payer en début de prestation, avant de commencer quoi que ce soit, peu importe le moyen de paiement. N’hésite pas à être ferme là-dessus mais délicat à la fois, pour ne pas non plus le froisser dès l’arrivée. Une phrase comme « je vais récupérer l’argent maintenant s’il te plait, comme ça on est tranquille pour s’amuser et on y pense plus » fonctionne plutôt bien.
Propose aussi à ton client de laisser ses affaires dans un coin de la pièce (effets personnels, vêtements etc.) où tu n’iras pas du tout. Si ensuite il s’inquiète et devient parano, tu pourras lui rappeler que ces affaires sont restées dans ce coin qui est loin de vous durant toute la prestation.
Avoir un back-up
Que tu pratiques le chemsex ou pas avec tes clients, avoir un back-up est toujours une bonne idée. Un back-up, c’est une personne proche qui connait ton activité et qui te sert de soutien en cas de problème. Plusieurs variantes sont possibles, à toi de voir ce qui te convient le mieux, l’idéal étant que la personne soit au courant de l'endroit où tu es (adresse exacte, étage, digicode etc.) et pour combien de temps. Appelle cette personne avant et après la prestation pour confirmer que tout va bien.
Si un client devient trop difficile à gérer, tu peux avoir un signal avec cette personne, comme l’appeler durant la prestation, ce qui signifierait que tu as besoin d’aide. Encore une fois, à toi de voir ce qui te semble le plus naturel et le plus confortable.
Respecter ses limites sans perdre de clients
La présence de produits peut accentuer le rapport de force entre client et travailleur du sexe. C’est tout l’enjeu du chemsex dans le travail du sexe, car même si l’on ne veut pas faire certaines choses, on a besoin d’argent.
La première chose est de respecter ses limites. C’est une question vitale dans le travail du sexe. Si tu dépasses tes limites et le cadre que tu t’es défini lors d’un rendez-vous avec un client, alors tu prends le risque de mal le vivre par la suite, et donc aussi ne pas être apte à voir d’autres clients tout de suite, ce qui représente une perte de revenu.
L’une des possibilités pour refuser quelque chose à un client sans le perdre est de l’orienter vers autre chose. Commence dès les premiers échanges avec lui à le questionner sur ses pratiques et limites. Tu sauras alors directement ce qu’il aime ou pas et pourras l’orienter là-dessus s’il te demande quelque chose que tu ne pratiques pas.
Si tes clients te redemandent trop régulièrement quelque chose que tu ne pratiques pas, regarde du côté de ton annonce. Celle-ci est très importante pour définir ce que tu proposes, et donc attirer une clientèle plutôt qu’une autre. Pas besoin de forcément tout proposer comme pratiques : il y a des clients pour tout, ne pas proposer une chose ou une autre ne te fera pas perdre toute ta clientèle.
Si la demande du client arrive pendant la prestation, tu peux aussi « noyer le poisson ». Prétexter un problème médical par exemple qui t’empêche de faire une pratique ou une autre peut être efficace.
Renseigner le client sur la réduction des risques
Pouvoir donner des renseignements et informations de réductions des risques aux clients est toujours une bonne chose. C’est un rôle que les travailleurs du sexe prennent depuis longtemps, notamment concernant les risques sexuels.
Cependant, rien ne t’oblige à donner des conseils de réduction des risques associés à l'usage de drogues si tu n’en as pas envie. Chacun est responsable de ses propres pratiques de consommation. Par ailleurs, tout le monde n’est pas réceptif. Rien ne sert d’insister trop avec une personne qui ne veut pas entendre, cela est souvent contre-productif.
S’il s’agit d’un client que tu vois souvent, tu peux l’informer un petit peu à chaque fois. Les personnes sont souvent plus réceptives à des informations pas à pas plutôt qu’à un flot d’informations d’un seul coup. Tu peux aussi utiliser des anecdotes pour faire passer un message de prévention et de réduction des risques. Cela matérialise ce que tu dis, et ça donne aussi le sentiment à ton client que tu lui livres des choses te concernant, un peu de toi.
Refuser de consommer un produit
Un bon client n’a pas à t’obliger à consommer des produits si tu n’en as pas envie. Un bon client, c’est notamment celui qui respecte tes pratiques et tes limites. Explique ton refus clairement et posément : que tu n’en as pas envie tout de suite, que tu en as déjà trop pris, que tu veux en garder pour plus tard, que tu veux faire une pause, que tu as envie de vomir, etc.
Même si tu as envie de satisfaire tes clients pour qu’ils reviennent, il ne faut pas non plus que cela te coûte trop.
Si tes clients sont eux-mêmes consommateurs de produits, ils savent bien ce que cela fait de ne pas avoir envie de consommer.
Si tu expliques à un client que tu ne veux pas consommer mais qu’il insiste, voire te force, peut-être est-il intéressant de réfléchir et de décider si tu veux le revoir ou pas. Un produit consommé dans un mauvais contexte peut conduire à un bad trip.
Savoir se protéger : ne pas se faire injecter par un client
Lors des plans chems, si tu slammes, il y a parfois une envie de s’injecter entre partenaires, comme pour s’offrir du plaisir l’un à l’autre. Même si tu aimes cette pratique, il vaut mieux rester vigilant lorsque tu es avec tes clients. On ne sait pas toujours quelles sont les intentions des clients, même après plusieurs rencontres. Il ne s’agit pas de dire que tous les clients sont dangereux, mais juste que des situations d’agressions et de violences peuvent arriver, alors autant être prudent.
S’informer sur les produits et les interactions
De manière générale si tu consommes avec un client, par injection ou non, essaye de connaître l’origine du produit si ce n’est pas toi qui l’as amené, et prends toujours des plus petites doses au départ. Tu peux très bien expliquer à ton client que tu veux d’abord tester le produit avec une petite dose pour voir ce qu’il te fait.
Tu peux faire analyser le contenu et le dosage des composants contenus dans certains produits afin de réduire les risques liés à leur consommation. En Belgique, l’association Modus Vivendi propose ce type de service de testing dans certains festivals et à Bruxelles.
Plus d'info sur le Testing
Les produits dangereux sont signalés dans le système d’alertes précoces. Tu peux t’y abonner sur le site d’Eurotox ici :
https://eurotox.org/alertes/
Les surdoses et les overdoses sont le plus souvent liées à la polyconsommation (mélanges). Si tu utilises des stimulants sexuels (médicaments pour favoriser l’érection comme le Viagra ou le Cialis par exemple), certaines combinaisons sont à éviter au maximum (notamment le poppers et le GHB/GBL), car elles présentent des risques cardiaques importants.
Plus d’info sur la prise de stimulants sexuels, Viagra et autres
Fournir les produits dans les plans chems ?
Certains clients demandent aux escorts de fournir les produits et parfois le matériel de consommation et de réduction des risques, ce qui est dangereux pour les travailleurs du sexe car ils peuvent du coup être qualifiés de dealers ; ils prennent alors tous les risques légaux vis-à-vis de la loi. Cela dit, il reste difficile de prouver qui amène quoi. Il faut être vigilant à ce que tu écris lors des échanges en ligne avec tes clients.
Plus d'info sur la Législation et la police
Addiction et chemsex dans le travail du sexe
Quand on a l’habitude de prendre un produit dans un certain contexte, on peut se sentir très mal si l'on se retrouve dans ce contexte sans le produit. En conséquence, un des risques dans le travail du sexe est de basculer dans le fait de travailler non plus pour obtenir un revenu mais pour retrouver le produit.
Arrêter les plans chems
Si tu veux arrêter le chemsex ou les produits au travail, sois conscient que tes clients qui consomment vont continuer à le faire même si tu veux arrêter. La clientèle peut alors rendre plus difficile l’arrêt des produits et de la pratique du chemsex dans le travail.
Selon ton profil sur les applications de rencontre, tu n’attires pas le même type de clients. Pense alors à communiquer différemment sur ton site et tes profils sur les applications de rencontre. Créer un nouveau profil peut être une solution, pour que les clients chemsexers ne te contactent plus.
Pour en savoir plus
Informations et conseils sur le travail du sexe :
Info4escorts
Sexwork.be
Contacts utiles pour les travailleurs du sexe :
Sur info4escorts
Organisations pour les professionnel.le.s du sexe en Belgique :
- Alias Bruxelles
- BoysProject Anvers
- Entre2 Charleroi
- Espace P Mons • Bruxelles • Charleroi • Tournai • Liege • Namur
- GHAPRO Anvers
- Icar Wallonie Liège • Seraing • Verviers
- PASOP Gand • Hasselt
Collectif de travailleuses et travailleurs du sexe :
- UTSOPI Belgique
Rédaction : Mans et Maxime Maes d'après une enquête exploratoire menée par Alias auprès de travailleurs, travailleuses du sexe et escort.e.s en Belgique.