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Lors de plans chemsex ou/et si tu as des partenaires multiples, les risques de contracter une IST, une hépatite virale ou le VIH sont élevés.
Dépistage
Prends l’habitude de te faire dépister régulièrement.
Si tu as des partenaires multiples, il est conseillé de te faire dépister au moins une fois tous les six mois et si possible tous les 3 mois. Pour éviter les complications et… parce qu'une IST traitée ne se transmet plus. Les copains apprécient !
Dans le cas du VIH, c'est encore plus crucial : plus vite on est diagnostiqué, plus vite on prend un traitement, ce qui veut dire, souvent à court terme, devenir indétectable et ne plus transmettre le virus. C'est bon pour toi et pour toute la communauté !
VIH, préservatifs, PrEP et indétectabilité
Préservatif
Le préservatif est un outil efficace pour se protéger du VIH/sida lors d'une pénétration anale. Il réduit également le risque de contracter d’autres infections sexuellement transmissibles (comme la syphilis, la gonorrhée ou le chlamydia), mais il ne l’exclut pas. Qu'il soit en latex ou en polyuréthane, utilise toujours une bonne dose de lubrifiant à base d’eau ou de silicone (attention, si tu utilises des préservatifs en latex, il faut éviter les lubrifiants à base d’huile qui ne sont pas compatibles).
A plusieurs, la règle d’or est simple : « tu changes de trou, tu changes de capote. »
Le préservatif n’est pas le seul moyen de se protéger du VIH.
Indétectable = Intransmissible
Un partenaire séropositif qui suit une thérapie antirétrovirale efficace et dont la charge virale est indétectable ne transmet pas le virus lors de relations sexuelles. C'est cette réalité scientifique que l'on décrit sous le slogan I = I, Indétectable = Intransmissible.
PrEP
Que tu la prennes en mode continu ou à la demande, la PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition) est vraiment une option adaptée aux personnes séronégatives consommant des chems avec un ou plusieurs partenaires.
La PrEP est un traitement préventif, médicament actif contre le VIH, proposé aux personnes séronégatives fortement exposées à un risque d’infection au VIH afin d’éviter une contamination. C'est un outil de prévention très efficace à condition de bien respecter les schémas de prise. S’il y a un oubli de prise de PrEP, la protection peut diminuer et il peut y avoir contamination par le VIH. Pour un suivi optimal, l’initiation de la PrEP et le schéma de prise devraient toujours être discutés avec le/la médecin.
Pour en savoir plus sur la PrEP :
MyPrEP.be
Groupe Facebook « My PrEP »
Pour trouver une consultation PrEP, voir la section Aide
Si tu as pris un risque : traitement d'urgence (TPE)
En cas de prise de risque, que tu as eu un oubli dans ta prise de PrEP, qu’il y a eu rupture ou oubli du préservatif, fellation avec éjaculation en bouche ou partage de matériel d’injection, pense aussi à la possibilité de prendre un traitement post-exposition (TPE) dans les 72 heures qui suivent le risque d'exposition au VIH. Il s’agit d’un traitement d’urgence qui vise à empêcher une infection au VIH après un risque. Il est disponible gratuitement aux urgences des hôpitaux.
Plus d’info sur le Traitement post-exposition
PrEP et indétectabilité : tous protégés ?
PrEP et I = I sont des réalités récentes qui changent radicalement la façon de vivre sa sexualité et sa protection. Pour autant, ces nouvelles réalités ne protègent pas des autres IST et le préservatif reste un mode de prévention intéressant et utile à cet égard.
On aurait tort, d'autre part, de penser que tous les participants à une partouze ont tous une charge virale indétectable ou prennent la PrEP, ce qui protégerait les autres par ricochet. Chacun est responsable de sa prévention et de sa santé : si l’on est séronégatif, il faut s’informer et choisir les modes de prévention qui conviennent le mieux. Si l’on a des partenaires multiples et que l’on consomme régulièrement des chems en contexte sexuel, la PrEP est une option efficace et peu coûteuse que l’on doit considérer très sérieusement. Elle permet en outre de bénéficier d'un suivi médical et de dépistages des IST de manière régulière.
« T’es clean ? »
Dans la plupart des cas, le VIH est transmis par une personne qui ne sait pas qu’elle est séropositive. Or quelqu’un qui vient d’attraper le virus (et probablement ne le sait pas encore) peut être en phase de primo-infection et avoir une charge virale très élevée avec un risque de transmission plus important. Ainsi, même quelqu’un qui déclare être séronégatif et avoir fait un test, peut avoir contracté le VIH tout récemment, surtout s’il a des rapports sans préservatifs avec plusieurs partenaires.
« T'es clean » n'est pas seulement offensant pour les personnes séropositives aussi « propres » que quiconque. La question appelle une réponse n'offrant aucune garantie particulière sur le statut sérologique si ce n'est dans le cas de personnes séropositives dont la charge virale est indétectable et qui ne peuvent donc pas transmettre le VIH. Seules celles-ci peuvent garantir à leurs partenaires qu'elles ne pourront pas leur transmettre le virus.
Les personnes séronégatives peuvent au mieux indiquer leur statut un mois (prise de sang envoyée en labo) ou trois mois (avec un test TROD à résultat immédiat, prise de sang au bout du doigt) avant leur dernier dépistage.
Les personnes sous PrEP se protègent elles-mêmes d'une possible contamination seulement dans la mesure où elles suivent convenablement les schémas de prise du traitement.
Les personnes réagissent différemment à l'entrée du VIH dans leurs corps. Certains signes peuvent y faire penser mais une séroconversion au VIH peut aussi passer inaperçue et mettre en situation de transmettre le virus à d'autres partenaires sans le savoir. C'est une des raisons pour lesquelles il est important de prendre l'habitude de se faire dépister régulièrement. Une entrée rapide dans les soins est aussi un gage de bonne santé.
Parler prévention
« PrEP, préservatifs ou TasP ? » Au lieu de poser une question sur le statut sérologique, il est plus utile de dire à ton possible futur partenaire, quel mode de prévention tu comptes adopter lors de vos rapports et voir ce qu'il en dit :
- « Je suis sous PrEP et j'utilise/je n'utilise pas le préservatif, OK pour toi ? »
- « Je suis indétectable et j'utilise/je n'utilise pas de capote, ça te va ? »
- « J'utilise toujours les préservatifs, c'est bon pour toi ? »
Hépatites A et B
L'hépatite A se transmet principalement par voie orofécale : pour que le virus passe d'une personne à une autre, il faut qu'il y ait un contact entre les selles d'une personne atteinte par le virus et la bouche d'une autre personne. Le plus souvent, la contamination se fait par l'ingestion d'eau et / ou d'aliments contaminés.
L'hépatite A n'est pas une IST, mais cette maladie peut cependant se transmettre à l'occasion de rapports sexuels s'il y a un contact bouche-matières fécales, par un contact direct via l'anus (« lécher un cul ») ou un contact indirect via pénis-bouche suite à une pénétration anale (« sucer un gars après qu'il ait pénétré un autre partenaire ») ou, enfin, un contact indirect via anus-doigt-bouche suite à un doigtage (« doigter un mec et porter son doigt à sa bouche »).
Il existe une faible transmission par voie intraveineuse (usage de drogues par voie intraveineuse avec partage de matériel ou piqûre accidentelle par une aiguille contaminée).
L'hépatite B est transmise par le sang et les liquides corporels.
- Risque très faible : transmission par la salive (baiser profond)
- Risque élevé : transmission lors de rapport sexuel non protégé (pénétration anale, fellation), transmission par le sang (partage de seringues et de matériel de sniff), tatouage, perçage corporel.
L'hépatite B entraîne une complication supplémentaire : certaines personnes infectées peuvent devenir des porteurs permanents pendant toute leur vie, qu'elles aient ou non des symptômes. Ces porteurs chroniques présentent un risque élevé d'insuffisance hépatique et de cancer du foie.
Traitement et vaccination
La plupart des personnes atteintes d'hépatite A ou B ne présentent aucun symptôme, mais peuvent quand même transmettre la maladie. La majorité en guérit 4 à 8 semaines après les premiers symptômes, sans avoir besoin d'un traitement.
Il existe une méthode très simple pour se protéger contre les hépatites A et B : se faire vacciner. C’est bien peu de chose par rapport aux soucis causés par une infection hépatique. La vaccination comprend trois injections administrées sur plusieurs mois. La vaccination peut se faire pour l'hépatite A, la B ou combinée pour les deux. Il est recommandé de faire un contrôle d'immunité pour s'assurer de l'efficacité de la vaccination pour l'hépatite B.
Hépatite C
L’hépatite C est principalement transmise par le sang.
Les plans chems en groupe comportent un risque particulièrement élevé vis-à-vis de l’hépatite C, parce que se faire pénétrer pendant longtemps (pénis ou jouets sexuels) ou se faire fister peut blesser l’anus et provoquer de minuscules lésions et saignements. Les chems assèchent les muqueuses et les rendent encore plus fragiles et donc majorent le risque de transmission.
La contamination se fait aussi par le partage de seringue et de matériel de consommation (pipe, paille).
Ce virus reste actif plusieurs jours à l'air libre, voire plusieurs semaines dans certaines conditions d'où l'importance d'utiliser un bout de papier propre et à usage unique et personnel (ne pas le partager) pour sniffer une drogue en poudre.
Pour réduire les risques de transmission de l’hépatite C :
- Limiter le nombre de partenaires dans le groupe.
- Utiliser un préservatif neuf et un gant à usage unique avec chaque partenaire.
- Se laver soigneusement le pénis, les mains et avant-bras entre les partenaires avec un désinfectant adapté à la peau (type Daikin).
- Préférer le gel lubrifiant en dosette à usage unique ou en flacon avec pompe. Ne pas partager les pots de lubrifiant.
- Le partage du matériel à injection pour le slam (aiguilles, seringues, coton, cuillère) présente également un risque majeur vis-à-vis de l’hépatite C.
- Eviter de sniffer avec des billets de banque. Préférer un morceau de papier à usage unique (type post it par exemple ou un « roule ta paille » distribué par les associations).
Plus d'info :
Guide Modus Vivendi « Shooter propre »
Réseau Hépatite C Bruxelles
Dépistage et traitement
Le dépistage régulier est nécessaire et les traitements permettent la guérison en quelques semaines. Depuis le 1er janvier 2019, tous les patients atteints d’hépatite C bénéficient du remboursement de ces médicaments, même à un stade précoce de la maladie.
Pour trouver un service de dépistage :
Depistage.be
Les bons réflexes
Autres IST
Les IST bactériennes comme la gonorrhée ou la syphilis peuvent se transmettre facilement (par contact avec une muqueuse), malgré l’usage du préservatif. Elles se soignent. Certaines IST passent inaperçues. Il est important de faire des dépistages réguliers tous les six mois, et si possible tous les trois mois, et de consulter dès que des symptômes apparaissent. Tous les partenaires sexuels devraient également se faire traiter afin d’éviter un effet ping-pong.
HPV
Le papillomavirus humain (HPV) est une famille de virus qui infectent la peau et les muqueuses. Ils peuvent toucher la région anale, le pénis, la bouche et la gorge. Ces virus sont responsables de certains cancers et de verrues génitales très contagieuses appelées condylomes.
Les HPV font partie des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) les plus fréquentes du monde, 80 % de la population sexuellement active sera un jour confrontée à une infection par les HPV. La grande majorité des personnes contaminées vont éliminer le virus spontanément après quelques années grâce à l’immunité naturelle.
Il est possible d’être porteur et de transmettre le HPV sans le savoir. Pour savoir si tu es infecté par le HPV tu peux surveiller l’apparition de verrues au niveau de ton pénis, de ton anus ou de ta gorge. Les condylomes peuvent également être à l’intérieur de ton anus, c’est pour cela qu’en cas de pratique du sexe anal, il est recommandé de voir un proctologue tous les 2 à 5 ans.
Pour soigner ces condylomes, des traitements médicaux ou de type chirurgical sont proposés (pommade, azote liquide ou laser). Il n’est pas rare d’observer des récidives de condylomes.
Pour s'en protéger, le préservatif n’est malheureusement pas suffisant car il ne couvre que partiellement les zones infectées et contagieuses et les HPV peuvent se transmettre lors de caresses sexuelles ou lors de rapports oraux.
La meilleure protection à ce jour reste la vaccination. Pour être le plus efficace, la vaccination doit être réalisée avant les premiers rapports sexuels. Il est malgré tout possible et recommandé de se faire vacciner même après mais le vaccin n’est alors plus remboursé et une vaccination complète (trois injections) coûte un peu moins de 400€. La vaccination reste pertinente même après l'entrée dans la sexualité, et en particulier chez les hommes séropositifs au VIH.